Mon travail en eutonie
L’Eutonie m’a apporté l’émerveillement de moi-même, un état de réjouissance au-delà du bien-être, une connaissance intérieure qui rejaillit sur la compréhension de mon corps réuni. Pas de mots, des silences, un travail au sol la plupart du temps qui donne au corps son volume, ses forces.
L’Eutonie s’insère dans ma vie quotidienne en mouvement et en conscience. Cette réalité se découvre immédiatement et s’acquière au long des années en procurant un épanouissement que la vie quotidienne vient sans cesse remettre en cause. Le travail doit être inlassablement repris, comme le mouvement de la vie.
Avec l’Eutonie, ce sont les maux / mots de mon histoire que le corps reconnait Des tensions repérées, localisées puis travaillées et, pour certaines, comme effacées. Le travail sans cesse repris permet de m’assurer de la véritable conquête de mon intérieur corporel et d’en ressentir une plénitude bienfaisante.
Par la respiration, je prends conscience de mon souffle qui circule en moi et m’inonde ou se bloque. Je le sens apaisant, m’apaisant ou erratique et incontrôlable.
Le travail au sol permet la « re-connaissance » du dos, indispensable à la reconstruction de mon identité corporelle. C’est bien plus qu’on ne le pense au premier abord car le dos suit « la marche en avant » de la face. Il est rarement « le mouvement de l’avant ». Le dos s’oublie, je l’oublie. Les exercices de contact du dos avec le sol – ou un autre dos, une balle, l’air – provoquent une interpellation profonde liée à l’absence de conscience de cette partie du corps. Au cours du travail, l’émotion corporelle peut se révéler très sensuelle et prendre une dimension aérienne, le dos prenant la décision d’une « marche en avant » entrainant pieds, jambes, bras, tête, tout le corps.
Mais ce n’est pas qu’un travail en solitaire. L’Eutonie est altérité : la découverte de l’autre, l’écoute de l’autre, la réceptivité de l’autre. L’Eutonie mêle les intimités des corps en travail : agréable – déplaisant, coordonné – dissonant, empressé – distant, accueillant – contraignant, sensuel et respectueux, comme dans la vie sociale. L’Eutonie est le monde des corps en mouvements.
L’Eutonie intéresse aussi la sphère professionnelle par le développement de ses propres aptitudes dans l’exercice de son activité. Le travail est délicat car il ébranle tout un contexte déjà saturé de «cadres, droits, devoirs, règlements, tensions, conflits, compétitions…». Des expériences bien préparées peuvent s’organiser et proposer de nouveaux champs de pratiques professionnelles et de coopérations.
Pour conclure provisoirement, le travail en Eutonie s’accompagne d’un véritable engagement dans la confiance avec soi-même et permet de progresser dans la relation à l’autre. Aujourd’hui, je concilie, au gré de mes besoins, mon travail verbal et mon travail corporel.
Marie B.
De l’utilité de l’Eutonie
Je viens, en janvier dernier, d’être opérée d’une prothèse complète de hanche.
Allongée sur le lit, le lendemain de l’opération, la kiné passe « Je viens voir, vous aider, vous donner quelques conseils : plier la jambe non opérée, c’est très bien, maintenant je vais vous aider pour plier l’autre, juste une petite mobilisation ».Je lui propose d’essayer seule sous son contrôle, lui demandant bien sûr d’intervenir dès qu’elle le jugera nécessaire et je plie « Mais c’est tout à fait ça, très bien » ; quelques conseils « interdiction de forcer, d’amener le genou à l’épaule » dit-elle en riant.
Maintenant je vais vous indiquer comment vous mettre sur le côté : « plier les 2 genoux, et basculer les genoux en même temps que le tronc du côté non opéré, vous pouvez rester un peu avec un oreiller entre les genoux. »
Je lui dis que je connais cela par l’Eutonie. Pas de réaction de sa part.Maintenant pour vous mettre debout de la position assise… « alors, assise sur mes ischions, les épaules conscientes, j’aligne mes genoux au-dessus des pieds, mes appuis, je me « verticalise » en douceur, sans problème.
(je continuerai ainsi tout au long de la rééducation… et après bien sûr)J’écris ce texte pour faire part de mon expérience, 28 ans de pratique d’Eutonie avec le seul objectif de me sentir bien, comme remise en état après chaque week-end, d’approfondir « ce travail » qui me procure beaucoup de bien-être. Alors qu’à chaque fois même si cela peut sembler se répéter, il n’en est rien, toujours dans la sensation, dans la découverte, à chaque situation explorée comme si c’était la 1ére fois !
Avant l’opération, j’avais bénéficié de la part de Nicole* de conseils et de situations préparatoires qui pourraient m’aider…
Donc, que s’est-il passé pour moi ? Le lendemain de l’opération, j’ai plié la jambe en partant du genou avec appui, glissement du talon sur le drap ; me mettre sur le côté mon corps connaissait : situation maintes fois explorée ; comme se mettre debout de la position assise : pieds bien à plat, en appui sur les ischions, avancer le buste et repousser les pieds dans le sol… « Ça semble magique » m’a t-on dit.
Voilà des « façons de faire » de manière eutonique qui ont contribué à mon confort : détente, à la recherche du tonus juste, sans excès, attentive aux tensions parasites.
En plus, rester allongée sur le dos la plupart du temps ne me posait pas problème, après tant d’heures passées ainsi au cours des innombrables séances ; un pied qui « explore » l’autre jambe, toucher léger (ça m’a servi, entre autre, après la douche pour essuyer la jambe opérée quand l’aide extérieure n’arrivait pas, puis plus tard à retirer la chaussette de la jambe opérée quand mes mains n’accédaient pas à ce pied).
Mon objectif lors des séances de rééducation a été de rechercher une bonne position debout sur 2 pieds, ce que j’exprimais au kiné par « rechercher la verticale – la verticalité- être dans le respect de l’alignement osseux » axe pieds, chevilles, genoux, hanches-bassin, épaules, tête ; être droite, debout en conscience ».
Parallèlement au travail de rééducation en journée, pendant les nombreuses heures de lit (12h), je mobilisais « à ma façon » la ou les jambes, recherchant des micro-étirements, très légers glissements du – des talons, d’abord sans impliquer le bassin, puis allant jusqu’au bassin, je portais attention à mes avant-bras relâchant les poignets, mobilisant en douceur doigts, peau dessus et paumes de mains, dessinant avec le nez (détente cou, cervicales)…
Dans ce parcours, qui est le mien, j’ai eu la grande chance de bénéficer d’un accompagnement hors pair, celui de Nicole* qui a été présente et à l’écoute téléphoniquement, m’aidant à passer les moments difficiles voire de doute. Nous appuyant sur le vocabulaire commun et les années «d’exercices » la compréhension et la confiance étaient là ; elle a su me guider pour compléter la reprise de la marche « en conscience », ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes … mais ça, c’est une autre histoire, mon histoire singulière.
Merci à Gerda Alexander, merci pour cette précieuse découverte qu’est l’Eutonie, merci à Nicole*, eutoniste dans l’âme et le coeur !
Geneviève G.
* Il s’agit de Nicole Barrot
Pourquoi je suis arrivé à l’eutonie ?
Dès l’âge de dix-huit jusqu’à trente-deux ans, je souffrais de mal de dos avec épisodes de blocage lombaire et douleurs du cou. Je faisais de la physiothérapie et de la chiropractie pour lutter contre la maladie et ensuite j’ai commencé à suivre des cours de Feldenkrais, que j’ai fréquenté pendant trois ans. La personne qui organisait les cours, proposait aussi des stages d’eutonie avec Maurice David. A partir de ce moment, précisément en 1982, j’ai arrêté toutes les autres activités parce que j’avais la sensation d’avoir trouvé mon propre chemin.
L’eutonie m’avait permis de découvrir un niveau de sensibilité inattendue et à la fois de commencer un parcours de connaissance de moi-même et un moyen de me prendre en charge ma manière d’être envers moi, les autres et l’environnement. C’est pour ça que je ne me suis pas arrêté et j’ai pris le diplôme de professeur d’eutonie.
Le chemin continue aujourd’hui encore. Dans mon activité de physiothérapeute j’intègre souvent les traitements physiothérapeutes avec des moments de pratique d’eutonie et dans mon gymnase je donne des cours hebdomadaires d’eutonie auxquels participent plusieurs patients envoyés par des orthopédistes auxquels j’ai expliqués les principes de l’eutonie. Tout ça me permet de transmettre à d’autres personnes l’eutonie de Gerda Alexander.
Come sono arrivato all’Eutonia
Da quando avevo diciotto anni e fino a trentadue anni ho sofferto di mal di schiena, aggravato da frequenti episodi di blocco lombare e dolori al collo. Per combattere la malattia facevo della fisioterapia e della chiropratica, poi ho frequentato per tre anni dei corsi di Feldenkrais. La persona che organizzava i corsi proponeva anche degli stage d’eutonia con Maurice David. A partire da quel momento, precisamente nel 1982, ho smesso tutte le altre attività perché avevo la sensazione di aver trovato il cammino adatto a me.
L’eutonia mi aveva permesso di scoprire una sensibilità inaspettata e di iniziare un percorso di conoscenza di me stesso e di consapevolezza del mio modo di essere verso me stesso, gli altri e l’ambiente. Per questo ho voluto andare oltre ed ho conseguito il diploma di professore d’eutonia.
Il cammino continua tutt’ora. Nella mia attività di fisioterapista, integro spesso i trattamenti fisioterapici con alcuni momenti di pratica dell’eutonia e nella mia palestra conduco regolari corsi settimanali di eutonia ai quali partecipano spesso pazienti inviati da alcuni ortopedisti ai quali ho spiegato i principi dell’eutonia. Tutto ciò mi permette di trasmettere ad altre persone l’eutonia di Gerda Alexander.
Emilio Belletto