Le mot EUTONIE (du grec eu = bien, harmonie, juste, et tonos = tonus = tension) a été créé par Gerda Alexander en 1957 pour traduire l’dée d’une “tonicité harmonieusement équilibrée et en adaptation constante, en rapport juste avec la situation ou l’action à vivre”.
L’Eutonie propose une recherche adaptée au monde occidental, pour aider l’homme de notre temps à atteindre une conscience approfondie de sa propre réalité corporelle et spirituelle dans une véritable unité.
Elle l’invite à approfondir cette découverte de lui même, non en se retirant du monde, mais par un élargissement de sa conscience quotidienne par lequel il libérera ses forces créatrices, dans un meilleur ajustement à toutes les situations de la vie et un enrichissement permanent de sa personnalité et de sa réalité sociale.
Gerda ALEXANDER : “Le corps retrouvé par l’Eutonie” – 1977
Gerda ALEXANDER (1908-1994) passe son enfance et son adolescence en Allemagne, où elle est née. Plus tard, elle s’installera au Danemark, avec de fréquents séjours à l’étranger, en particulier en France. Elle sera de retour dans sa région d’origine pour les dernières années de sa vie.
Sa jeunesse, imprégnée de musique et de danse, ainsi que son goût pour le théâtre la préparent bien à l’étude de la Rythmique Jaques-Dalcroze. Une carrière artistique s’ouvre devant elle, vite interrompue par des accidents de santé. Restent une forte personnalité, un sens de l’observation et une sensibilité exceptionnels. Elle saura les utiliser pour détecter et faire émerger les forces conséquentes ou ténues d’un corps humain, qu’il s’agisse de préparer une performance ou d’utiliser au mieux des potentialités affaiblies. Dans les deux cas, la sollicitation du sensible et l’économie d’énergie – son utilisation optimale – vont de pair. Entre ces extrêmes, gestes, attitudes et tensions de la vie courante s’échelonnent, plus ou moins proches de l’un ou de l’autre.
Dans les écrits et témoignages, malgré la dévitalisation due au temps et aux modes de description, nous retrouvons chez des prédécesseurs ou des contemporains de Gerda ALEXANDER quelques uns des éléments dynamiques qu’elle a su abstraire, aménager et réunir de façon originale dans cet ensemble structuré appelé Eutonie.
Leur valeur relative est difficilement appréciable sans la référence aux courants qui les ont fait naître ainsi qu’à la personnalité de ceux qui en furent initiateurs ou porteurs.
Les mouvements qui se développent à cette époque revendiquent chacun sa propre identité mais des traits communs les rapprochent. Viennent en tête la liberté (la libération) du corps et, portée par l’idée plus générale de nature, celle de mouvement naturel.
Ces aspirations ont suscité des dynamiques aboutissant à des faisceaux de représentations et de pratiques. Certaines les expriment pleinement. D’autres, d’ambiguïtés en interprétations, ont été instrumentalisées et détournées.
Nous connaissons bien, parmi les avatars de “naturel” (et de la pureté qui lui est souvent rattachée), ce qui se passa en Allemagne au début des années 30 : les premiers textes marquant les débuts de l’écologie sont parus en même temps que se développait une idéologie moins sympathique : celle d’une race pure (?!) qui, de ce fait, devait dominer le monde. On connaît la suite : la vision humaniste où se côtoyaient la nature, la pureté et la liberté se trouva retournée contre l’humain. Cela devint moralement insoutenable et physiquement dangereux pour des créateurs, comme LABAN. Ils quittèrent le pays. A la même époque, Gerda ALEXANDER partait pour le Danemark.
De ce contexte, isolons quelques déterminants, en reconnaissant la fragilité de la répartition géographique proposée, tant les personnages cités ont été mobiles…
Voir aussi : Suisse - Amérique - Allemagne - France
Articles rédigés par l’Institut d’Eutonie – décembre 2005